Ash

Mars 2019

C’est terrible d’apprendre ça par google…

Le truc con. Ce con de S.Plaza faisait son émission sur Bordeaux et sa proche banlieu. Et là je me dis : mais c’est pas là qu,il habite, Ash ?

Souvent google donne des adresses, alors je googuelise… et là je tombe sur trois avis de decès. Le nom correspond, la date de naissance aussi, le nom de sa femme. J’ai la tête qui tourne, ce ne peut pas être lui. C’est forcément une erreur. Je refais une recherche, je relis. C’est lui, ce ne peut être que lui. Il n’y a pas d’autre qui porte le même nom, la même date de naissance, qui vit au même endroit…

Putain Ash, qu’est ce que t’as été foutre dans ce patelin ? La veille de ton anniv. Faire la teuf ? Aider des potes à construire leur baraque, et t’es tombé de l’échelle ? Boire du whisky jusqu’à plus soif et rouler cheveux aux vent ? Woué, bon, pour les cheveux c’était pas ça… Putain Ash, j’espère juste que tu as fait exprès, j’espère que tu as choisi.

Il parait que tu n’as pas souffert. Tant mieux.

Comment je vais faire sans toi ? On s’était brièvement causé fin janvier. Puis je suis partie dans l’ouest. Ce samedi là j’était à Monument Valley, j’ai pensé t’envoyer une photo, pour le partage. Peut être que j’aurais dû, peut être que ça n’aurait rien changé.

Nos échanges vont me manquer. C’est sûr ! Mais je me dis que maintenant tu es toujours là, que maintenant, tu as tout ton temps pour les gens qui t’aiment… et nous, on est comme des cons, sans toi, ton sourire, ton humour, ta gentillesse… tu vas me manquer, tu me manques, et je ne sais même pas ce qui t’es arrivé. J’espère juste que tu l’as choisi…

Trois ans

Il paraît que l’amour dure trois ans. Enfin c’est ce que prétend le film… Trois ans, c’est long et c’est court à la fois. Lorsque je regarde en arrière, il y a trois ans…

On était en plein travaux de la nouvelle maison. Maman venait à disparaître subitement. Les garçons commençaient les concours en équitation… Je partais seule avec eux aux championnats de France où le petit montait deux fois sur le podium, et le grand au carré d’honneur. Papa n’avait pas encore perdu la tête, et je pouvais compter sur lui pour discuter…

Il y a deux ans… je me rappelle de peu de choses à vrai dire. Une année comme dans un tunnel. Sombre, et distante. On a déménagé, j’ai eu du mal à vider l’ancienne maison de toute la vie que nous y avions mis dedans en presque 15 ans. On a fini par la mettre en location. Papa a commencé à dérailler sévère. Le premier Noël dans la nouvelle maison. L’arrivée de Princesse L dans ma vie.

L’an dernier… encore de l’équitation, beaucoup. Des championnats en demi teinte, pour les deux. Des vacances aux Vieilles Pierres avec beaucoup d’amis de passage. Des vacances fatigantes. Et puis l’envie de changer, de basculer, d’enfin m’occuper de moi. L’envie d’écrire.

Trois ans… en quelques lignes, quelques bribes. Trois ans pour aller mieux. Un peu mieux. Sauf là. Là, ça fait pile trois ans que maman est partie. Et depuis quelques jours, j’ai l’impression d’attendre ce sinistre anniversaire. Comme si quelque chose allait se produire. Comme si, soudain, le deuil allait être fait, qu’enfin je passe à autre chose. Comme si je pouvais oublier cette horrible nuit, cet horrible jour, cet horrible cauchemar. Comme si par un quelconque miracle de Pâques, j’allais me réveiller, et que rien de tout ça n’avait existé.

Ma peau

L’heure aura ma peau.

D’abord le jet lag dont je ne voulais pas me remettre, puis cette fichue heure d’été…

Et puis ce concours sous la neige l’autre dimanche, froid, vent… Bourrasques tourbillonnantes… Une semaine pour m’en remettre, la crève à l’appuie.

– T’arrête de te plaindre ?

– Non, ici, je suis chez moi, je dis ce que je veux, je fais coque j’veux. Y’en a bien des qui effacent leur blog article par article l’air de rien…

Ce matin, c’est la pluie qui claque sur les vellux qui m’éveille. Il est presque huit heures, les enfants ne vont pas tarder à disparaître pour quelques heures. Et moi, je vais retrouver ma chère solitude.